La première bataille de Bullecourt fut une composante de
l’offensive britannique du printemps 1917 au nord et au sud d’Arras. Ces
opérations furent entreprises pour soutenir une attaque majeure plus au sud,
organisée par les Français sous les ordres du Général Robert Nivelle.
D’habitude, on avait d’abord recours à un bombardement de
l’artillerie afin de trancher les barbelés ennemis avant d’amorcer une attaque
de l’infanterie. Mais cette fois on décida de faire précéder l’infanterie
australienne de douze chars d’assaut anglais.
Le 11 avril 1917, les soldats de la quatrième division
étaient en position à l’est du village de Bullecourt mais à 4 h 30 du matin,
seuls trois chars d’assaut avaient atteint leur position. Certaines unités
australiennes avançaient alors que d’autres attendaient les chars. Les chars
d’assaut ancien modèle avançaient plus lentement qu’un homme à pied, leur
revêtement d’acier était mince et les tirs meurtriers de l’artillerie allemande
firent en sorte qu’aucun d’entre eux n’atteignit les barbelés avant
l’infanterie australienne. Seul un char atteignit la première tranchée prise
par les Australiens et à 7 h 00 du matin tous les chars avaient été éliminés.
Malgré l’échec des chars d’assaut, on parvint à pénétrer la
ligne de front et les tranchées de soutien allemandes et à effectuer une avance
vers le village de Reincourt. À 7 h 15, le capitaine Harry Murray, 13e
bataillon (Nouvelle-Galles du Sud) expédia un message qui précisait qu’« avec
le soutien de l’artillerie nous pouvons maintenir la position jusqu’à la St
Glin-Glin ». Cinq minutes plus tard, voyant les troupes allemandes se déplacer
près de Riencourt, Murray envoya un signal SOS pour demander le soutien de
l’artillerie. Ce signal fut répété 17 fois pendant la matinée mais aucun
barrage n’y répondit.
En raison des rumeurs exagérées du succès australien,
surtout de la part des observateurs de l’air et de l’artillerie, le personnel
militaire haut placé supposa que l’avance se poursuivait et n’avait pas été
retardée. De ce fait, on n’autorisa pas l’artillerie à lancer ses tirs et les
Allemands purent s’introduire pour contre-attaquer en toute impunité. Au même
moment, les mitrailleuses allemandes balayaient les espaces ouverts à l’avant
et à l’arrière des positions australiennes.
Le ravitaillement australien en grenades fut vite épuisé et
une tentative visant à relier les tranchées tenues par différents bataillons
fut abandonnée. Les Allemands repoussèrent peu à peu les Australiens et dès 11
h 30, il était évident qu’on ne pourrait pas tenir les tranchées prises. Le feu
allemand balayant l’issue de secours, Harry Murray dit à ses hommes : « Soit
vous vous faites capturer soit vous affrontez les tirs ». Beaucoup le tentèrent
mais seuls quelques-uns survécurent. Murray fut l’un d’eux.
Une heure plus tard, les derniers Australiens se retiraient.
Ces hommes furent aidés par l’artillerie qu’on avait enfin autorisée à tirer
pour les soutenir. Les troupes du 48e bataillon (Australie Méridionale et
Australie Occidentale) de la ligne Hindenburg étaient commandées par le
capitaine Allan Leane, neveu du chef de corps du 48e, le lieutenant colonel Ray
Leane. Bon nombre des chefs de bataillons étaient de cette famille et le
bataillon était surnommé le bataillon Jeanne d’Arc All Leanes (« tous des
Leanes », jeu de mot qui repose sur la prononciation anglaise d’ « Orléans »).
Le Capitaine Leanne faisait défaut à ses hommes près des barbelés et le soldat
de deuxième classe John Robert Knight rapporta plus tard qu’il avait vu le
Capitaine Leanne abattu dans un cratère d’obus avec une balle dans la tête. Son
corps ne fut jamais récupéré.
Lors de la première bataille de Bullecourt, l’infanterie
australienne parvint à saisir et à tenir provisoirement une section très
fortifiée de la ligne allemande sans le soutien habituel de l’artillerie.
Cependant, cette attaque avortée coûta 3 289 vies et instaura de sérieux doutes
dans l’infanterie australienne quant à l’utilité des chars d’assaut sur un
champ de bataille.
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