Professeur d’éducation physique au
Collège de la Lys, Marie Neyrinck a profité des congés scolaires pour partir en
mission humanitaire.
« Il y a longtemps que me
trottait dans la tête l’idée de partir dans un pays en voie de développement
pour apporter de l’aide, explique celle qui est originaire de Comines et habite
à présent à Le Bizet. Ces dix dernières
années, j’ai été bénévole pour les
pèlerinages à Lourdes organisés par le diocèse de Tournai. Lors d’une recherche sur internet, j’ai tapé
« mission humanitaire à l’étranger » et je suis arrivée sur le site de
« Projects Abroad », un organisme dont le siège est en
Grande-Bretagne. »
La philosophie de cette association
privée et laïque trouve grâce à ses yeux : « Elle propose des projets
individualisés, dans un domaine choisi, mais dont la vocation est toujours
sociale et environnementale.
J’aurais pu choisir le sport ou l’enseignement, mais je voulais
m’éloigner des secteurs où j’évolue au quotidien. J’ai opté pour l’agriculture afin d’ajouter
une corde à mon arc, mais aussi parce que j’avais regardé avec grand intérêt le
film « En quête de sens » sur la philosophie de Pierre Rahbi, de même
que « Demain », un document vraiment interpellant. »
Restait à trouver un lieu de la
mission : « J’ai évité des régions dangereuses comme le Kenya,
l’Ethiopie ou la Somalie. L’Amérique du
Sud ne m’était pas conseillée parce que je ne parle pas l’espagnol. Finalement, le choix s’est porté sur le Togo
où l’on parle le français et l’éwé. »
Les deux premières semaines de juillet
ont été consacrées aux visas, vaccins et préparatifs : « Après 7
heures de vol, je suis arrivée à Lomé où l’association est venue me
chercher. Il y avait environ 25 volontaires
de tous les pays, mais nous étions tous dans une famille d’accueil
différente. Personnellement, j’ai logé
dans une ferme à Madiba, dans la banlieue de Lomé. Et, chaque jour, on me conduisait à 18 km de
là pour me rendre sur le lieu du projet.
Nous mettions environ 45 minutes parce les six derniers kilomètres du
trajet étaient remplis de bosses ! »
Si les villes bénéficient d’un certain
confort, il n’en est pas de même dans les villages : « Il n’y a ni
eau ni électricité. On y vit dans une
pauvreté alarmante. Le jour où je suis
arrivée un enfant est mort-né parce que la maman n’avait pas les moyens d’être
emmenée à la ville pour y accoucher.
Mais personne n’exprimait sa révolte, juste l’acceptation de la mort.
Une telle expérience me permet de relativiser nos soucis d’occidentaux et
de mieux apprécier le confort. »
C’est sûr, elle y retournera :
« Les Togolais sont tellement accueillants ! Les relations que j’ai
nouées me donnent envie de leur offrir des vêtements, des livres, etc. Ils vivent dans un tel dénuement ! A
titre personnel, ce sentiment d’être utile m’enrichit, même s’il est empreint
de beaucoup d’humilité. Un seul regard
empli de remerciement justifie mon investissement. Ce sentiment d’aider les autres constitue un
besoin qui me fait vivre. »
La philosophie de Marie : «Si chacun œuvre à son échelle,
dans l’optique du partage, les mondes écologique et humain ne s’en porteraient
que mieux.»
Les bœufs doivent engraisser : La journée typique de
Marie commençait vers 7 h/7h 30 : « Le taxi venait me chercher dans ma famille
d’accueil. Avec une ponctualité très
africaine, c’est-à-dire qu’il n’était pas à une demi-heure près. Un jour sur deux, nous faisions le tour du
village pour chercher les résidus de soja afin de nourrir les bœufs. Une fois à la ferme, je me joignais aux
activités, comme le labour et le ratissage de la terre afin d’y planter des
tomates et des pigments. J’ai aussi
installé un système d’irrigation. Les travaux
se font à la main, avec une houe à court manche. Il peut faire très chaud et les pauses sont
régulières. L’exploitation compte six
hectares de terres, un élevage de chèvres, de bœufs, de poules, de cochons, de
pigeons et une pisciculture. Quand je
leur ai posé la question de savoir pourquoi on n’utilisait pas les bœufs pour
tirer une charrue, on m’a répondu qu’ils devaient engraisser et que, de toute
façon, on n’avait pas de charrue… Cela
me donne des idées pour faciliter leur travail… »
Se laisser imprégner par une culture différente : Marie
est revenue du Togo des images plein la tête : « Les premiers jours, j’ai
ressenti le choc culturel et j’ai respecté une nécessaire période
d’acclimatation. Je pense qu’il faut
être bien soi-même pour pouvoir aider les autres et se laisser imprégner par
une culture différente. Sur place, je
n’ai jamais ressenti l’insécurité, même si l’obscurité tombe vers 17 h30/18
h. Aucun geste déplacé : rien que du
respect. »
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