Yann (prénom d’emprunt) est confus. À la présidente du
tribunal qui lui met sous le nez les nombreux faits pour lesquels il est
poursuivi, il ne parvient pas à apporter des réponses claires. Il reconnaît
tout juste avoir «fait des conneries».
L’homme, la quarantaine et le front dégarni, fait partie de
la communauté des gens du voyage. Il comparaît menottes aux poings, poursuivi
pour avoir escroqué plusieurs personnes dans la région de Comines. Des victimes
dont certaines étaient particulièrement vulnérables.
Un gros casier judiciaire : Entre décembre 2015 et mars
2016, il aurait commis onze faits. Il se serait fait passer pour le bénévole de
diverses associations caritatives, dans le but de soutirer de l’argent à
plusieurs personnes. Il agissait bien souvent en proposant des vêtements à la
vente.
On lui reproche, dans un seul cas, d’avoir fait preuve de
violences. En faisant chuter un homme né en 1929 qui tentait de relever son
numéro de plaque d’immatriculation. Les montants du butin sont variables – 20€,
150€ et 1 500€.
Ce n’est pas la première fois que Yann agit de la sorte.
L’homme a déjà sur le dos de nombreuses condamnations en France pour des faits
similaires. «Monsieur a été condamné en 2004 à Boulogne-sur-Mer, en 2006 à
Nancy et en 2014 à Draguignan», énumère le parquet par la voix de M. Dupuis.
Le ministère public n’est donc pas prêt à faire un cadeau.
Il a la main lourde en réclamant une peine de 6 ans de prison à l’encontre du
prévenu. Sur le banc de l’infamie, Yann ne peut retenir un sanglot, entre deux
coups d’œil à sa famille présente dans la salle d’audience.
Me Guttadauria qui assure sa défense trouve le réquisitoire
totalement démesuré. Il relève que toutes les victimes ne sont pas des
personnes vulnérables – «puisqu’elles ont entre 50 et 88 ans» – et que le
prévenu n’a jamais fait preuve de violences – «aucune trace ne permet d’en
attester». L’avocat de la défense réfute la prévention de vol avec violences.
Il lui préfère celles d’escroquerie et de commerce illégal.
Il a perdu 17 kg : Mon client a fait l’objet d’un mandat
d’arrêt international, détaille Me Guttadauria. Il a été arrêté en Suisse en
juillet dernier, avant d’être extradé vers la Belgique fin août. Cela fait
trois mois qu’il est incarcéré. Une incarcération qu’il vit très mal puisqu’il
a perdu 17 kg.»
Yann n’a plus droit au sursis. Son casier judiciaire
français lui empêche d’accéder à cette mesure de faveur. Son avocat demande
donc une peine de prison avec un sursis probatoire pour ce qui excède la
détention préventive. « Il aura de cette façon une épée de Damoclès au-dessus
de la tête. Cela l’empêchera de recommencer.»
Pour la vérification du respect des conditions de sursis,
l’avocat veut bien jouer les intermédiaires entre la justice et son client qui
vit dans une caravane. «Monsieur a jusqu’à présent toujours répondu aux
convocations. Il n’y a pas de raison que ça change.», insiste l’avocat.
Le parquet n’est pas favorable à cette solution. Il
reviendra donc au tribunal de trancher. Le jugement est attendu le 31 octobre.
Vol avec violences ou escroquerie et commerce illégal? Le
tribunal va devoir trancher.-laurent hamels
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