Il y a cent ans, tant du côté belge que français, les villes
de Comines étaient évacuées juste avant le déluge de bombes anglaises. Tout au
long du mois de mai, la situation des civils était devenue intenable: les
Anglais pilonnaient les deux cités occupées par les Allemands, en prévision de
la bataille de Messines, programmée le 7 juin.
Les Allemands décident finalement d’évacuer la population à
partir du 28 mai. En cinq jours, quartier par quartier, tous les habitants sont
priés de rejoindre la gare belge de Wervicq.
Le premier jour, quelque 1 800 personnes sont évacuées vers
Waregem. Les jours suivants d’autres se rendent à Avelgem. En tout, on estime
que 5 500 habitants quittent la région. En 1914, Comines Belgique compte 3 500
habitants, alors que sa comparse française atteint les 7 000. En 1917, le
chiffre avait déjà bien baissé: les jeunes hommes étaient partis au front, les
industriels avaient plié bagage et d’autres avaient préféré fuir.
Les derniers, qui partent le 1er juin, racontent qu’ils ont
dû attendre le train jusqu’à trois heures du matin et, depuis Wervicq, ils ont
pu contempler le spectacle du déluge de feu qui s’abattait sur Comines.
Un circuit de fuite entre Waregem et Berlaar
Suite au déménagement d’un membre de sa famille, Alain
Pottel, membre de la Société d’Histoire habitant à Bas-Warneton, vient de
mettre la main sur quelques photos de cette époque troublée.
«Elles proviennent de la famille de ma mère, Élisabeth
Ponchaux. Du 28 mai au 8 juillet 1917, les évacués s’installent à Waregem. Dans
une liste provenant de cette ville, on retrouve les industriels rubaniers Jean,
Auguste et Pierre d’Ennetières, l’employé des postes Raymond Dumortier, mon
grand-père Émile Ponchaux, ma grand-mère Gabrielle Luttun, etc.»
À l’analyse de témoignages, les réfugiés ne furent pas trop
mal accueillis. Descendus sur le quai par l’autorité militaire allemande, ils
se sont retrouvés parmi 2 500 personnes, ne sachant où trouver un abri. Les
autorités et le clergé ont agi avec le maximum d’humanité, même si, comme de
coutume, certains ont profité de la situation.
Finalement, les réfugiés y passent une quarantaine de jours,
avant d’être répartis dans d’autres villes flamandes. «Le 8 juillet 1917, mes
grands-parents et bien d’autres Cominois se sont retrouvés à Berlaar, près de
Lierre, en province d’Anvers. Ils y restent jusqu’à la reconstruction de la
région. Ils vont y travailler et s’impliquer dans la vie locale. Certains vont
s’y marier et ne jamais revenir. Mon grand-père, Émile Ponchaux, y est mort le
18 juillet 1918, à l’âge de 40 ans. Raymond Dumortier, qui a été instituteur à
l’athénée royal, y est né le 13 janvier 1918.»
La plupart choisiront de revenir à Comines, comme la famille
d’Alain Pottel: «Il a fallu tout reconstruire: la voie ferrée, les maisons, les
usines, etc. Nos aïeux ont eu beaucoup de courage!»
Le 8 juillet 1917, les réfugiés de Comines Belgique ont
immortalisé leur passage à Waregem, qu’ils allaient quitter pour Berlaar.
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