Parmi les prises de parole, les mots les plus poignants ont
été prononcés par Gérard Devroede : « J’avais quatorze ans en 1943. Mon frère Norbert et quelques ouvriers sont
partis aux champs pour couper du maïs, avec les chevaux et le chariot. Je les ai suivis à vélo. Vers 9 h 15, les sirènes ont commencé à
retentir, mais personne ne s’en est vraiment inquiété parce qu’elles
retentissaient souvent. Sauf moi, parce
que j’en avais peur et je me suis caché à côté du chariot. »
Dans le ciel, des avions américains se dirigent vers un objectif stratégique, sans doute les
aérodromes de Lille-Nord (Bondues) et Lille-Vendeville (Lesquin). Ils suivent le tracé du chemin de fer
Comines-Le Touquet.
Soudain, une trentaine d’avions changent de direction et se
mettent à larguer leurs bombes, qui tombent sur une bande de 3 kilomètres et de
400 mètres de large, dans les quartiers du Touquet, de la Mélune, de la
briqueterie, de la Haute Loge et de la Howarderie.
« J’ai vu mon frère Norbert propulsé dans les airs. Moi-même, j’étais gravement blessé. Mon bras ne tenait plus qu’à quelques
morceaux de chair. Je l’ai pris avec ma
main et je me suis dirigé vers le Café de la Briqueterie. A l’hôpital d’Ypres, le chirurgien a fait
l’impossible pour ne pas couper le bras.
Il a donc pratiqué des greffes.
Pour éviter que le bras ne bouge, j’ai été plâtré sur une grande partie
du corps. Comme la blessure saignait, on
m’a mis des asticots à l’intérieur du plâtre durant un mois. »
S’ensuivent une très longue hospitalisation, avec parfois un
retour en ambulance pour un bref séjour à la ferme : « La première fois que je
suis rentré, je me suis rendu compte de toute la désolation : ma mère pleurait,
il manquait mon frère, mais aussi les ouvriers, les chevaux, les vaches, etc. »
Dans les fermes voisines ou sur les argilières de la
Briqueterie, partout règne la désolation.
Une chapelle ardente fut dressée au Couvent des Pères, rue du Touquet et
l’inhumation eut lieu le dimanche 12 septembre, dans l’après-midi. Voir toutes les photos de Marie-France en suivant ce lien :https://picasaweb.google.com/111331189600356736365/2012_09_09LeBizetCommemorationDuBombardementAuTouquetDe1943#
Trop longtemps passé sous silence, le bombardement
inexpliqué a désormais deux plaques commémoratives et une cérémonie
annuelle. La première édition a été
riche en émotion.
Le 9 septembre 1943, vers 9 h 15, Le Bizet et Houplines ont
vécu leur plus grave tragédie lorsque des avions américains ont largué une
cargaison mortelle. Au sol, on s’active
au ramassage des récoltes. La pluie de
bombes fait 32 victimes (19 au Bizet et
13 à Houplines), sans compter de très nombreux blessés.
Il a fallu attendre 69 ans pour qu’une cérémonie officielle
et des plaques commémoratives soient posées au cimetière et à proximité où le
drame s’est produit, rue de la Howarderie.
Samedi 8 septembre, le devoir de mémoire a débuté par une
messe à grande affluence en l’église Saint-André, célébrée par l’abbé André
Cardinael. En cortège, les participants
se sont rendus au cimetière afin de dévoiler une plaque en l’honneur des
victimes, avant de rejoindre la rue de la Howarderie, où une autre plaque a été
dévoilée, posée sur le mur de la ferme Devroede.
1 commentaire:
A l'école, le cours d'histoire devrait commencer par de pareils événements : ceux d'hier, d'avant-hier, ceux que nos grand-parents ont vécus, pour remonter au fil des années scolaires aux époques du siècle des lumières, des ROIS FAINÉANTS, des Capétiens et autres Philippe le Bel ou Ambiorix !
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