Pourquoi ce changement de mentalité maintenant? C’est
impossible à expliquer. Parfois vous plantez une graine dans un coin de votre
jardin et quelque temps plus tard, vous ne savez pas trop comment, elle est
devenue une forêt. Mais quel bonheur de voir cette vague de bon sens collective
se dresser contre le gaspillage alimentaire et s’étendre à toute vitesse. »
Nicolas Chabanne, cofondateur des Gueules cassées (photo),
est un homme heureux. Le Français nous parle de la résolution anti-gaspillage
qui vient d’être adoptée au Parlement européen, de la pétition lancée sur
www.change.org appelant à la fin du gâchis alimentaire («elle a déjà recueilli
plus de 550 000 signatures, c’est loin d’être anecdotique», commente-t-il) et
bien sûr de sa marque anti-gaspi, les «Gueules cassées», qui débarque chez
nous, en Belgique, après avoir conquis l’Hexagone.
Ces Gueules cassées, ce sont des produits – essentiellement
des fruits et légumes mais la gamme s’étend peu à peu – avec un petit défaut,
d’aspect par exemple, qui auraient traditionnellement été écartés du circuit de
consommation alors qu’ils sont tout aussi bons que leurs frères et sœurs plus
jolis. L’initiative de Nicolas Chabanne leur permet d’atterrir dans l’assiette
du consommateur au lieu d’être jetés. Et en plus, ils sont vendus 30% moins
cher. Un fameux argument de vente!
Pas étonnant que le succès soit au rendez-vous. Lancée il y
a un peu plus d’un an chez nos voisins, l’opération a permis d’y sauver de la
poubelle 10 000 tonnes de nourriture. Il faut dire qu’elle a une ambassadrice
de charme pour faire s’envoler les dernières réticences: une pomme biscornue
mais au large sourire, le logo en fait de la marque qui se retrouve sur toutes
les étiquettes des denrées mises en vente par ce biais.
Un intermédiaire en moins : Mais pour que les Gueules
cassées puissent arriver en Belgique (et, en parallèle, répondre à la demande
accrue en France), le système a été simplifié. «Avant, c’était la société Sols
et Fruits qui achetait les gueules cassées des producteurs partenaires,
explique Nicolas Chabanne. Avant de les revendre. Ça n’avait toutefois plus de
sens de travailler de cette manière-là au moment où l’initiative s’étend en
dehors des frontières françaises. Nous avons donc décidé de supprimer pour tout
le monde cet intermédiaire.» But de l’opération: faciliter la mise sur le
marché de tous les produits soutenus par la démarche.
Comment cela se passe-t-il en pratique pour les producteurs
désireux d’écouler eux aussi leurs fruits et légumes moins esthétiques? Il leur
suffit de prendre contact avec le collectif des Gueules cassées via son site
internet et lui demander à avoir accès aux étiquettes. «Une fois que nous avons
reçu la demande, nous rappelons très rapidement la personne. Afin de lui
prodiguer nos conseils, afin d’encadrer sa démarche. Nous la rassurons aussi
quant aux inquiétudes qu’elle pourrait avoir. Et nous nous occupons de la
partie communication.»
À ce jour, en France, 450 producteurs se sont joints à
l’initiative. Tandis que 5 000 points de vente – pas mal, rappelons que la
marque est née il y a peu de temps – proposent des Gueules cassées. Chez nous,
le groupe Fairfruit, spécialisé dans les fruits à noyau et présent dans
plusieurs pays dont la Belgique, s’est déjà rallié au mouvement. Qui ne demande
évidemment qu’à s’étoffer. « Le but du jeu, c’est que les différents acteurs
s’approprient l’initiative. Qu’ils nous contactent pour nous faire part de leur
intérêt. Ce n’est pas nous en effet qui allons les chercher.»
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