LES PROCHAINES ATIVITES

mercredi 16 septembre 2015

2015_09_16 Ploegsteert-Warneton : Les grands moyens pour déménager un bunker, après avoir résisté à deux guerres, à des tonnes de gravas, l’abri est maintenant à l’abri sur le site de la trêve de Noël. Après six heures d’efforts. Photos Marie-France et Damien.

Vendredi soir, une opération rare s’est déroulée sur le front de la commémoration 14-18 : un abri a été déplacé de son emplacement initial jusqu’au site de la trêve de Noël.  Soit un périple d’environ cinq kilomètres depuis la rue du Busschemers à Ploegsteert jusqu’au chemin du Mont de la Hutte, à Warneton.
Un sauvetage délicat vu l’état du blockhaus, quelque peu fissuré et datant du début de la guerre. Le défi a été parfaitement réussi grâce au professionnalisme du service technique communal et des salariés de Mahieu Construct.
L’histoire commence en mai 2012 lorsque l’élu écologique Philippe Mouton, membre de la Société d’Histoire, dénonce le fait que l’abri a été recouvert de terres et de gravas issus d’un chantier réalisé par les occupants de la ferme à l’angle des rues du Petit Pont et du Busschemers.  Les autorités locales sont averties et une réflexion se met en place : ne faudrait-il pas le déplacer en vue de le conserver d’autant plus que la ville fourmille de projets 14-18 : centre d’interprétation,  site de la Trêve de Noël, chemin du souvenir, etc.
François Maekelberg, président de l’entente patriotique et du comité de la bataille du Canal, a veillé au grain : « Il doit  être sauvé, sinon c’est un morceau de notre patrimoine qui va disparaître. »
Les gravas sont enlevés et, par chance, il n’a pas trop souffert.  De fil en aiguille, la Ville décide d’employer les grands moyens pour le déplacer en faisant appel à la firme de construction de bâtiments Mahieu Construct, établie dans le zoning cominois.  Le patron, Marc Mahieu, qui habite Warneton, décide d’offrir l’opération de sauvetage à sa ville d’adoption.
Le travail a été minutieusement préparé par les services communaux gérés par Dominique Leplat : nettoyage du site, construction d’une structure en bois pour consolider l’abri, pose de sangles, enlèvement du dallage qui sera remis par la suite, etc.
Après leur semaine de travail, les salariés de Mahieu Construct sont arrivés dès 16 h. avec des camions, mais aussi deux camions-grues qui peuvent soulever jusqu’à 130 tonnes.  Après trois heures d’efforts, vers 19 h., deux poutrelles sont glissées sous le blockhaus qui, au moyen de sangles, est hissé simultanément par les deux mastodontes, avant d’être posé sur un plateau : « Chacune des grues a porté 15 tonnes : l’abri fait donc 30 tonnes », précise Marc Mahieu, suivant les données électroniques.
Encore fallait-il le conduire vers son nouvel emplacement.  L’opération a été ralentie par le sol mouvant du site de la trêve de Noël et il a fallu renforcer le support pour les pattes stabilisatrices.  Il est 22  h 15 quand, sous les applaudissements, l’abri  se loge enfin dans un nouvel écrin pour une vie bien plus touristique.  
L’abri a résisté un siècle. Mais finalement, ses 30 tonnes ont subi la loi des imposantes grues.
Voir les 50 photos de Marie-France Philipo, Damien Menuet de JCG sur : https://plus.google.com/photos/111331189600356736365/albums/6195156777289084897
Un vrai travail d’équipe, le bunker a été déménagé sans précipitation, mais avec réflexion avant, pendant et après.  Même si les conducteurs de grue sont habitués à une précision chirurgicale, il n’en demeure pas moins qu’ils n’avaient pas d’expérience dans le déplacement de bunker !
Qu’auraient pensé les soldats anglais qui l’ont construit il y a tout juste un siècle en voyant un tel déploiement de forces pour conserver leur œuvre, partie du patrimoine régional ? On ne le saura jamais…
L’abri vient d’être placé sur le plateau. Marc Mahieu pose avec son personnel et le service communal.
Dans un article écrit par Henri Bourgeois, Albert Heughebaert et Jules Potié paru dans le Tome XXIII de la Société d’Histoire, on apprend que l’abri est de facture anglaise, « qu’il mesure 2 mètres sur 3 mètres et que les parois ont été coulées dans un coffrage de tôles à petites ondulations. La couverture de 20 cm d’épaisseur repose sur des tôles à grosses ondulations. »
Datant du début de la guerre, il n’était pas situé sur le front : « Les Anglais construisaient ce type d’abri pour se protéger des éclats. Il n’est pas assez costaud si un obus venait à tomber dessus et, d’ailleurs, il ne possède pas de meurtrières.   Il s’agit d’une construction assez classique : on plaçait des tôles et, par-dessus, on coulait une sacrée épaisseur de béton mélangé à des cailloux.  Il n’y a pas de fondations », explique Freddy Dubus, du comité de la bataille du canal.
Il est 22h15, l’abri est déposé sur le site de la Trêve de Noël. Prochainement, le service communal va assurer les finitions.


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