Vendredi soir, une opération rare s’est déroulée sur le front de la
commémoration 14-18 : un abri a été déplacé de son emplacement initial jusqu’au
site de la trêve de Noël. Soit un
périple d’environ cinq kilomètres depuis la rue du Busschemers à Ploegsteert
jusqu’au chemin du Mont de la Hutte, à Warneton.
Un
sauvetage délicat vu l’état du blockhaus, quelque peu fissuré et datant du
début de la guerre. Le défi a été parfaitement réussi grâce au
professionnalisme du service technique communal et des salariés de Mahieu
Construct.
L’histoire
commence en mai 2012 lorsque l’élu écologique Philippe Mouton, membre de la
Société d’Histoire, dénonce le fait que l’abri a été recouvert de terres et de gravas
issus d’un chantier réalisé par les occupants de la ferme à l’angle des rues du
Petit Pont et du Busschemers. Les
autorités locales sont averties et une réflexion se met en place : ne
faudrait-il pas le déplacer en vue de le conserver d’autant plus que la
ville fourmille de projets 14-18 : centre d’interprétation, site de la Trêve de Noël, chemin du souvenir,
etc.
François
Maekelberg, président de l’entente patriotique et du comité de la bataille du
Canal, a veillé au grain : « Il doit être sauvé, sinon c’est un morceau de notre
patrimoine qui va disparaître. »
Les
gravas sont enlevés et, par chance, il n’a pas trop souffert. De fil en aiguille, la Ville décide
d’employer les grands moyens pour le déplacer en faisant appel à la firme de
construction de bâtiments Mahieu Construct, établie dans le zoning
cominois. Le patron, Marc Mahieu, qui
habite Warneton, décide d’offrir l’opération de sauvetage à sa ville
d’adoption.
Le
travail a été minutieusement préparé par les services communaux gérés par
Dominique Leplat : nettoyage du site, construction d’une structure en bois pour
consolider l’abri, pose de sangles, enlèvement du dallage qui sera remis par la
suite, etc.
Après
leur semaine de travail, les salariés de Mahieu Construct sont arrivés dès 16
h. avec des camions, mais aussi deux camions-grues qui peuvent soulever jusqu’à
130 tonnes. Après trois heures
d’efforts, vers 19 h., deux poutrelles sont glissées sous le blockhaus qui, au
moyen de sangles, est hissé simultanément par les deux mastodontes, avant
d’être posé sur un plateau : « Chacune des grues a porté 15
tonnes : l’abri fait donc 30 tonnes », précise Marc Mahieu, suivant
les données électroniques.
Encore
fallait-il le conduire vers son nouvel emplacement. L’opération a été ralentie par le sol mouvant
du site de la trêve de Noël et il a fallu renforcer le support pour les
pattes stabilisatrices. Il est 22 h 15 quand, sous les applaudissements, l’abri
se loge enfin dans un nouvel écrin pour
une vie bien plus touristique.
L’abri
a résisté un siècle. Mais finalement, ses 30 tonnes ont subi la loi des
imposantes grues.
Voir les 50 photos de Marie-France Philipo, Damien Menuet de JCG sur : https://plus.google.com/photos/111331189600356736365/albums/6195156777289084897
Voir les 50 photos de Marie-France Philipo, Damien Menuet de JCG sur : https://plus.google.com/photos/111331189600356736365/albums/6195156777289084897
Un vrai travail d’équipe, le bunker a été déménagé
sans précipitation, mais avec réflexion avant, pendant et après. Même si les conducteurs de grue sont habitués
à une précision chirurgicale, il n’en demeure pas moins qu’ils n’avaient pas
d’expérience dans le déplacement de bunker !
Qu’auraient pensé les soldats anglais qui l’ont
construit il y a tout juste un siècle en voyant un tel déploiement de forces pour
conserver leur œuvre, partie du patrimoine régional ? On ne le
saura jamais…
L’abri vient d’être placé sur le plateau. Marc Mahieu
pose avec son personnel et le service communal.
Dans un article écrit par Henri Bourgeois, Albert Heughebaert et Jules
Potié paru dans le Tome XXIII de la Société d’Histoire, on apprend que l’abri
est de facture anglaise, « qu’il mesure 2 mètres sur 3 mètres et que les parois
ont été coulées dans un coffrage de tôles à petites ondulations. La couverture
de 20 cm
d’épaisseur repose sur des tôles à grosses ondulations. »
Datant du début de la guerre, il n’était pas situé sur
le front : « Les Anglais construisaient ce type d’abri pour se
protéger des éclats. Il n’est pas assez costaud si un obus venait à tomber
dessus et, d’ailleurs, il ne possède pas de meurtrières. Il s’agit d’une construction assez
classique : on plaçait des tôles et, par-dessus, on coulait une sacrée
épaisseur de béton mélangé à des cailloux.
Il n’y a pas de fondations », explique Freddy Dubus, du comité de la
bataille du canal.
Il est 22h15, l’abri est déposé sur le site de la
Trêve de Noël. Prochainement, le service communal va assurer les finitions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire