Le collectif ne veut pas que l’entité cominoise devienne une
taverne de cochons et soit définitivement la poubelle de la Wallonie.
Christian Vercaigne s’est fait le porte-parole d’un comité
fort d’une dizaine de personnes. Il a rappelé que l’actuel comité s’était créé
en 2007 suite, déjà, à un projet de la s.a. Taveirne, sensiblement identique à
celui qui est initié pour le moment.
La mobilisation citoyenne et les décisions politiques
avaient alors réussi à le contrer. «Notre comité se veut apolitique. On se bat
pour le petit agriculteur et pour la qualité de vie de tous les citoyens de
l’entité.
Notre pétition, manuscrite ou en ligne, a déjà réuni plus de
1 500 signatures. Il y a actuellement cinq dossiers en cours (NDLR: les poulets
Bourgeois à Houthem, les trois projets Taveirne et les cochons Delefortrie à
Ploegsteert), mais d’autres dossiers sont également en attente.»
Selon un rapport émis par la Fédération Inter-Environnement
Wallonie, en 2005, les eaux souterraines cominoises étaient déjà gorgées de
nitrates: «La norme autorisée est de 50 mg/litre. On a constaté des taux
réguliers de 90 mg/l et des pointes avec un maximum de 242 mg/l. Le rapport
conclut qu’il s’agit d’une situation grave, sans doute la plus catastrophique
de Wallonie. Et la situation s’est certainement aggravée depuis!»
Un groupe au combat : François Maekelberg a plaidé pour
la prise d’une décision ferme et définitive, «Nous sommes sur un îlot saturé.
Notre sol est pollué, mais les nuisances sont exportables». Et ce dernier
d’évoquer le travail qui a été fait pour développer le tourisme de mémoire: «On
va finir par couler cette carte unique en Wallonie liée au fait que nous sommes
la seule commune à avoir connu le front en 14-18.»
Le collectif entend battre le fer tant qu’il est chaud :
«Nous avons fait une pétition, envoyé un courrier aux élus; une délégation sera
présente au conseil communal, de même que toutes les manifestations publiques.
Nous sommes déterminés. Trop, c’est trop!»
À l’ombre du moulin, le comité n’entend pas, tel Don
Quichotte, se battre contre les moulins à vent. Il joue sur le concret de
chiffres alarmants.
Une étude pour le moins orientée.
L’architecte Joseph Demuysère a reconnu ne pas avoir tout lu
des dossiers Taveirne: «Chacun pèse de 500 à 600 pages, multiplié par trois,
cela fait 2000 pages!»
Néanmoins, il a épinglé quelques points: les 83,5 millions
de litres captées dans les nappes phréatiques. Le «ce n’est pas moi, ce sont
les autres».
«Dans un modèle informatique, on calcule que les odeurs des
sites se répandent à 300 ou 400 mètres, mais que ce sont les odeurs cumulées
qui font que cela sent jusqu’à 1,5 à 4 km.»
Les épandages sont balayés en une ligne: des contrats sont
pris avec des agriculteurs, qui en assument la responsabilité.
«Or, les nitrates qui ne sont pas absorbés se transforment
en nitrites, un vrai poison.»
Pour ce qui est du paysage, le bureau d’étude le qualifie de
«médiocre». Réaction de Joël Lindeboom: «C’est normal puisque les porcheries
sont dedans!»
«Quand on pense qu’à Ploegsteert, le centre 14-18 est à
proximité, renchérit l’architecte, et qu’à Warneton, il y a les lieux de
mémoire.»
Un comité déterminé à se battre.
Non à l’extension. Oui à la modernisation, la bourgmestre et
les échevins Action étaient tous présents; ce qui a fait plaisir au comité.
Didier Vandeskelde a évoqué la procédure: la décision
revient au collège échevinal qui, vu le statut spécial exige l’unanimité pour
être approuvée. Sinon, le conseil communal est souverain.
La décision finale revient au ministre wallon de
l’agriculture, en l’occurrence René Colin. Des recours existent.
Le souci, c’est que l’on change de ministre et que celui qui
est en place ne connaît pas toujours la situation de Comines.
La position de la majorité est en revanche claire: «Non à
l’extension. Oui à la modernisation. Avec des exceptions pour les petits
agriculteurs.» Pour le MR, André Gobeyn, a signifié que son parti prône le même
choix.
Quant à l’écologiste Philippe Mouton, il a expliqué que près
des deux tiers de la Wallonie étaient en zone vulnérable à cause des
exportations de lisier. Et qu’il est impensable qu’on puise l’eau des nappes
phréatiques et que ce bien précieux soit rejeté sous forme de nitrates.
Les autorités ont adopté une position claire: c’est non!
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