En début de campagne, Antoine Leleu annonçait la couleur en
clamant que cette saison serait la dernière s’il ne parvenait pas à passer un
cap.
Alors que l’équipe Veranclassic-Ago entamait sans lui le
Tour de Wallonie, le Cominois annonçait à la surprise générale qu’il prenait du
recul sans pour autant pendre son vélo au clou: «J’aime toujours le vélo et je
disputerai les belles kermesses comme celle de Comines ce vendredi mais je ne
veux plus m’investir pleinement comme je le fais depuis quatre ans car je me
rends compte que l’investissement humain et financier est trop important par
rapport aux satisfactions que je retire. Plusieurs raisons expliquent ma
décision, notamment le fait de ne pas me sentir à l’aise dans de gros pelotons,
la peur de frotter ou de chuter. Si c’est pour rester à l’arrière du peloton,
ça n’en vaut plus la peine mais je pense que je subis un blocage psychologique
dans les grandes épreuves où j’ai du mal à me battre pour rester devant.»
«École de vie» : Antoine, qui s’est classé septième
lundi à la kermesse de Lierde, poursuit également par un constat réaliste du
milieu cycliste au niveau continental: «Il y a forcément de belles choses comme
le fait de se frotter à des professionnels, de disputer de très belles courses
mais en oubliant parfois que nous ne sommes que des amateurs. Lorsqu’on ne
travaille pas, le vélo devient une charge pour la famille et ce n’est pas viable
sur le long terme. Ensuite, lorsqu’on travaille, il est impossible de
s’entraîner assez pour être performant sur des épreuves de 180 bornes. Un
moment, il faut pouvoir dire stop. C’est ce que je fais en pensant à mon avenir
puisque je reprendrai les études en septembre.»
Ce qui ne veut pas dire qu’Antoine oubliera pour autant son
sport: «J’en ai parlé avec Jean-Jacques Vandenbroucke qui m’a rappelé que
Sébastien Six avait vécu une belle carrière à son niveau tout en ayant une vie
de famille bien remplie. Je pense qu’une fois les études terminées, il sera
encore temps de me fixer des objectifs et de prendre du plaisir mais pour
l’heure, je retiens les leçons des années passées au niveau continental. J’ai
peut-être des regrets d’avoir mis de côté les études trop tôt mais le vélo a
également été une belle école de vie.»
Le guide d’Audric : Antoine veut également servir de
guide pour son frère Audric qui vient de terminer huitième du championnat de
Belgique des débutants: «C’est une fierté de voir ce résultat. Même si je le
conseille, c’est lui qui pédale mais il ne faut surtout pas se prendre la tête
trop vite. Le chemin est encore très long et quoi qu’il arrive, je sais qu’il
donnera priorité aux études comme mon autre frère Lucas qui a rangé son vélo
pour réussir avec brio ses premières années de médecine.»
Pour Antoine Leleu, le fait d’habiter dans la région de
Comines reste un atout considérable pour les jeunes qui, comme Franklin Six et
Jonas Castrique, parviennent à s’épanouir dans leur sport: «Même si nous sommes
encore sur le sol wallon, les jeunes du CC Armentières ont une mentalité
flandrienne exemplaire. Chaque mercredi je vois mon frère mais aussi Achille
Deribreux et leurs équipiers s’entraîner avec sérieux même quand la météo est
maussade. Seule cette force de caractère peut faire la différence sur le long
terme.»
Habitué aux grandes épreuves, c’est désormais sur les
kermesses qu’Antoine Leleu se mettra en évidence.
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