Presque chaque jour, Paul Desmet (80 ans) emmène pinceaux et
chevalet au cimetière pour peindre au côté de son épouse Gisèle, décédée en
février 2015, à l’âge de 84 ans.
«Nous étions toujours ensemble. Quand je peignais à la
maison ou dans la nature, elle lisait à mes côtés. Aujourd’hui, il me faut
venir près d’elle pour poursuivre mon œuvre. Je sens sa présence, je lui parle.
Elle est près de moi. D’ailleurs, chacune des toiles, je la signe ‘Paul et
Gisèle’.
Normal, puisque nous sommes deux pour la réaliser… Le plus
difficile, c’est le soir, quand je dois la quitter. Mais, chez nous, son
portrait trône dans toutes les pièces. Rien n’a bougé depuis son départ. Nous
nous sommes mariés en 1957 et, depuis 1974, nous avons aménagé notre nid dans
la rue du Triangle, à Comines. Tant de choses et de souvenirs me rappellent sa
présence.»
«J’ai appris dans les livres d’art »
S’il demeure inconsolable, la peinture permet à celui qui
est originaire du Bizet de continuer à vivre: «Pendant la guerre, j’ai eu un
accident à la jambe. Pour m’occuper, je dessinais sur une ardoise ce qui
m’entourait. Adulte, j’ai travaillé à la Briqueterie du Pont-Rouge. Là, j’ai eu
le pied droit écrasé et, durant trois ans, je ne savais plus marcher. Je me
suis remis à la peinture. J’ai appris toutes les techniques dans les livres
d’art.
Ensuite, durant 33 ans, j’ai conduit les bus de ligne. Dans
la journée, j’avais des coupures et j’avais toujours avec moi un carnet de
croquis. L’art est essentiellement basé sur l’observation. Mon maître est
Rubens, parce qu’il était capable de tout peindre.»
Il peint les édifices religieux : L’artiste-peintre a
connu une belle carrière, exposant essentiellement en France. Aujourd’hui, vu
qu’il ne souhaite pas s’éloigner de Gisèle, il s’est décidé à reproduire les
grottes, calvaires et chapelles de la région.
«Quand Gisèle est partie, je n’avais plus de goût à rien.
Avec l’été, j’ai repris mes pinceaux. Peindre m’a toujours permis de tout
oublier; mes soucis, mais aussi la folie du monde qui m’entoure.
Ma fille Isabelle m’a soufflé l’idée de peindre des édifices
religieux.
Avec l’aide de la société d’Histoire, j’ai cherché de
vieilles photos ou reproductions. Il y a plus d’un an que je suis occupé et
j’en suis à mon 46e tableau: il s’agit de la chapelle de la Morte-Lys, détruite
par la guerre 14-18. Elle était située à un bel endroit, entre la Lys et le
canal.
Récemment, j’ai aussi peint les tombes militaires
britanniques, dans le cimetière de Comines. J’ai fait une rapide esquisse de
l’ensemble, puis je suis venu peindre le tableau près de Gisèle.»
La météo lui importe peu: «Quand on peint à l’huile, une
pluie légère ne dérange pas. En août, lorsqu’il faisait très chaud, j’ai
toujours été fidèle au poste.
Certains sont venus m’apporter de l’eau. Ni les rayons du
soleil ni l’averse ne m’éloigneront de Gisèle!»
Fidèle à son épouse et à ses pinceaux, Paul Desmet poursuit
son œuvre dans une veine plus religieuse.
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