Jeudi soir, Éric Gosselain, gérant du bureau d'études DLV, a
présenté la demande de permis unique introduite par la firme Taveirne.
On croyait naïvement que ce projet remplaçait les trois
autres déjà présentés. Il n'en est rien! Les deux projets, l'un de 10 100 porcs
à Ploegsteert, l'autre de 6 965 porcs à Ten-Brielen, suivent leur cours légal.
Il s'agit en fait de la modification du projet de la route Neuve-Eglise à
Warneton.
L'objectif: supprimer l'élevage pour ne faire que de
l'engraissement. Côté permis, les 1 400 truies, 3 360 porcelets et 400
cochettes se «transforment» en 11 880 porcs. Concrètement, les deux maternités
seraient rénovées, alors qu'une porcherie serait construite. Ces trois bâtiments
seraient équipés d'un laveur d'air.
Éric Gosselain a motivé le choix de la famille Taveirne de
changer le projet: un surplus de porcelets sur le marché entraîne les prix à la
baisse. Il devient dès lors intéressant de les acheter.
Indignation de Christian Vercaigne, du comité «Stop aux
élevages démesurés»: «Vous doublez la production avec, à la clé, deux fois plus
de lisier, de charroi et de nuisances.» «Je vous invite à prendre l'apéro chez
moi, à Ten-Brielen. Vous comprendrez mieux l'efficacité des laveurs d'air!»
Francis Brysse, riverain des maternités, renchérit: «Après l'apéro, vous venez
manger chez moi! Cela ne sent pas bon du tout. Parfois, si le linge a été mis à
sécher dehors, il faut le relaver.» «À certaines cérémonies du Last Post, on ne
sait plus respirer», s'offusque Joseph Delrue.
Joël Lindeboom est perplexe: lors de la dernière réunion,
Éric Gosselain a justifié l'augmentation par la volonté de la société de
travailler en circuit fermé et d'engraisser un maximum de porcelets nés sur
l'exploitation! Or, on supprime tout élevage! «Nous serons encore roulés dans
cette affaire! Dans dix ans, on se retrouve ici pour un autre agrandissement,
car le cours du porc se sera écroulé. Nous allons devoir ressortir nos
mouchoirs. Ce genre de projet ne crée aucun emploi et empêche d'autres
développements.»
François Vercruysse renchérit: «On a cassé le marché du
porcelet et, avec de tels projets, ne va-t-on pas casser celui du porc gras? Et
détruire un peu plus l'agriculture familiale?»
Réponse laconique d'Éric Gosselain: il y a de la place pour
toutes les catégories: bio, labellisé, industriel, etc.
«On fait du bio dans les Ardennes et, ici, on autorise
n'importe quoi, réplique Christian Vercaigne. Il faudrait que les autorités régionales
prennent une mesure pour Comines-Warneton et qu'on interdise toute extension.
Nous ne devons pas être le dépotoir de la Wallonie.»
Côté personnel, selon Éric Gosselain, «ce genre
d'exploitation occupe de 3 à 4 personnes. Il n'y aura donc pas de création
d'emploi.» Et l'on pourrait même parler de diminution car la rumeur attribue la
volonté de la famille Taveirne de se débarrasser des porcelets, qui exigent
davantage de soins, à cause de soucis avec son personnel des pays de l'Est.
Les opposants ont fait le calcul: 11 880 porcs, 2,5 cycles
par an, c'est 30 000 unités. Ils veulent connaître le charroi qui y est lié.
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