Le 5 mai, sur son compte Facebook, Didier Vandeskelde publie
une photo de deux résidents du Centre d’accueil «La Source», affalés à côté
d’un banc, l’espace jonché de cannettes de bière. On ne reconnaît pas les
visages. L’échevin y exprime un «coup de gueule», «un ras-le-bol des
incivilités» et le laxisme dont fait preuve le personnel de l’ASBL.
Suite à des commentaires négatifs, l’échevin bizétois, qui
réside à proximité, enlève la photo et la remplace par une autre, avec des
déchets.
Très vite, la polémique arrive aux oreilles du directeur de
«La Source», Grégory Pattyn, qui en avertit son conseil d’administration.
Le 29 mai, lors du conseil communal, Didier Soete s’indigne
d’un tel manque de respect vis-à-vis d’êtres humains au parcours difficile.
L’échevin réplique, même s’il reconnaît avoir été maladroit, que ce laxisme
dure depuis des années et que le centre d’accueil se doit de réagir.
Dans une lettre, le conseil d’administration s’indigne d’un
tel mépris de la part d’un élu qui se permet un coup de gueule public, mais n’a
jamais contacté le Centre.
Ni jugement ni stigmatisation : Directeur depuis 2010,
Grégory Pattyn y a été engagé comme éducateur en 2002: «J’ai été furieux,
vraiment outré, mais je suis resté en retrait tant que mon conseil
d’administration n’a pas pris position. Ce qui est insupportable, c’est le
jugement et la stigmatisation de ces personnes. Une détresse psychologique ou
psychiatrique les a conduites ici. Toutes ont vécu un traumatisme et, quand
elles franchissent notre porte, nous voulons absolument qu’elles partent d’une
page blanche et jamais nous nous permettons de leur faire la morale ou de les
juger.»
S’ensuit un travail de fond: «Un Centre comme le nôtre est
le dernier et le premier maillon. Le dernier parce que la personne ne s’en sort
plus seule; le premier parce qu’elle essaye de se reconstruire. Notre équipe fait
tout pour les aider d’un point de vue administratif, psychologique,
professionnel, etc. L’objectif est de les rendre autonomes en vue d’une
réinsertion.»
Bien sûr, rien n’est facile et des débordements peuvent survenir:
«L’alcoolémie est un problème récurrent de ce genre de population et nous y
travaillons constamment. Nous tenons un discours proactif en signalant que
l’ivresse sur la voie publique est sanctionnée.
Toutefois, le centre n’est pas une prison, même si tous les
résidents doivent être rentrés pour 22 heures.»
Pour ce qui est des deux personnes photographiées par
l’échevin, il s’agit d’une situation particulière: «L’un d’entre eux avait
intégré La Source le jour même. Il y avait retrouvé un ami d’enfance et ils
avaient décidé de fêter l’événement. Sans doute ont-ils trop bu et ce n’est pas
correct, mais le fait était ponctuel.
Si Didier Vandeskelde nous avait contactés, je lui aurais
expliqué. Il aurait peut-être dû nous téléphoner ou venir frapper à nos portes
plutôt que de mettre la photo sur Facebook!
D’ailleurs, à ce jour, il ne nous a toujours pas contactés!»
Le personnel essaie de remettre sur pied des personnes en
grande précarité. Un défi difficile qui connaît des échecs, mais aussi de
belles réussites.
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