Il régnait une belle effervescence ce samedi matin à la
Réserve Naturelle Ornithologique de Ploegsteert. En cause: l’opération
organisée par l’ASBL RNOP en vue d’enlever un maximum de carpes, brochets et
brèmes des trous de briqueterie gérés en réserve.
«Le problème n’est pas nouveau, explique Martin Windels,
guide-nature et membre de l’ASBL. Nous nous occupons de la gestion de trois
étangs sur une superficie d’environ 120 hectares; les deux autres sont loués à
des clubs de pêche. Il arrive que les pêcheurs, qui pratiquent tous le «no
kill» c’est-à-dire qu’ils remettent le poisson dans l’eau après l’avoir pris,
ne le rejettent pas dans leur étang. Parce qu’il est blessé ou pour d’autres
raisons, ils vont le déposer dans les nôtres là où rien n’est pêché et où aucun
prédateur ne vient les perturber. Il est aussi possible que certains soient
apportés par d’autres personnes.»
Résultat: les poissons mènent la grande vie, au grand dam
des amateurs d’ornithologie. «Ils pullulent et font des dégâts. Prenons la
carpe, qui est un poisson benthique, c’est-à-dire qu’il vit de préférence loin
de la surface de l’eau. Elle fouille les fonds aquatiques à la recherche de la
nourriture. En plus, comme elle est omnivore, elle mange tant les déchets
végétaux qu’animaux. Avec la conséquence qu’elle enlève de la végétation, donc
de la lumière et de l’oxygène. Il y a moins de nourriture pour les insectes,
donc moins d’oiseaux. Par exemple, nous avons observé la diminution du nombre de
libellules et, il est presque certain, qu’elle provient de ce phénomène.
L’objectif est d’enlever tous les poissons, sauf les anguilles parce qu’elles
ont des prédateurs naturels avec régulation de la population.»
Ce week-end a donc été choisi pour une opération commando:
«Il y a dix ans, pour la même chose, nous avions fait appel à l’équipe du lac
de Virelles. Elle avait enlevé 800 kg de poissons. Cette fois-ci, nous avons
privilégié la solidarité avec les clubs «les vrais pêcheurs de Warneton» et «l’étang
des roseaux», l’association Lys-Nature, les Flamands de Natuurpunt avec des
pêcheurs, les Français du Groupe ornithologique et naturaliste du Nord –
Pas-de-Calais, etc.»
Dès 7 h, les bénévoles étaient sur place. Équipés d’un filet
de pêche, ils ont ratissé l’étang à plusieurs reprises et ramené les poissons
sur le bord. Placés à la main dans des bassines transportées à bord d’une
barque, puis montées sur un plan incliné équipé d’un treuil, les animaux à
nageoires ont été ramenés sur la terre ferme. Des bassins occasionnels ont été
créés afin de séparer les poissons: brochets, carpes, brèmes, etc. Tous sont
offerts aux pêcheurs: «Nous allons en profiter pour rempoissonner nos étangs,
explique l’un d’eux. Chez nous, la carpe ne se mange pas contrairement à ce qui
se passe dans les Pays de l’Est, comme en Pologne. C’est juste pour le fun de
la pêche. Une carpe vit en moyenne de 15 à 20 ans, parfois beaucoup plus. Le
record mondial de la plus grosse est établi à 42 kg.»
Après avoir été étendu sur une partie de l’étang, le filet
est ramené sur un bord. Pour une pêche un peu particulière…
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