Originaire d’Houthem, Séverine Deneulin est professeure
d’universités spécialisée en développement humain et justice sociale en lien
avec les différentes religions.
Aujourd’hui à Houthem, mais vous voyagez beaucoup?
Mes deux lieux de prédilection sont l’Amérique latine et le
Moyen-Orient. Cela fait onze ans que je voyage chaque année en Palestine pour
donner un cours sur l’étude du développement à l’Université de Bethléem. Chaque
année, je travaille aussi à l’Université catholique d’Argentine et récemment,
j’ai commencé une collaboration avec celle de Lima au Pérou.
Par rapport à la violence, nous jugeons les religions sans
vraiment les connaître!
Les trois grandes religions monothéistes ont un corps
commun.
Il y a peu de connaissance de l’autre. À la mi-juillet, deux
Israéliens se sont fait torturer à l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, un
site saint de l’Islam. Mais les médias ne disent pas les relations d’amitiés
qui existent entre Israéliens et Musulmans: l’année passée, la police m’a fait
sortir pas très gentiment de ce site parce que comme chrétienne, je priai. Pour
me remettre, je suis allée prendre un café dans un endroit où un Juif et un
Musulman se rencontrent chaque jour.
«Nous nous entendons bien. Tout le reste est de la
politique.
Nous voulons vivre en paix. On adore le même Dieu. Pourquoi
nous bagarrer?»
Pour moi, c’était un beau témoignage de voir un Juif et un
Musulman s’entendre comme des frères.
Quel serait pour vous le développement idéal des religions
pour l’avenir?
Dans une lettre, le pape François pose la question de la
manière de survivre dans la maison commune qui est la planète terre. Le
développement de l’être humain et celui d’une religion ne pourront se faire
qu’en harmonie avec l’environnement. Si l’environnement n’est pas pris en
compte comme la maison commune, notre frère ou notre sœur, n’aura pas d’avenir
pour l’humanité.
Pouvez-vous donner votre expérience d’un rapprochement entre
religions?
J’organise chaque année un séminaire sur «religion et
développement» avec des musulmans et de chrétiens de différents horizons. Nous
commençons la journée par un temps de prière commun. C’est très poignant d’être
ensemble dans la prière et dans la discussion.
J’espère continuer plus, dès le mois d’août, à l’Université
Notre-Dame de South Bend près de Chicago. Il y a sur place un nouveau centre
pour le développement entre les religions, ceci grâce à une importante donation
d’une famille musulmane. C’est un bel exemple pour une action commune.
Quel est l’avenir pour la religion catholique en Europe?
L’évêque de Bath, l’université anglaise où j’habite, disait
récemment: «Si on ne change pas, nous allons être impertinents dans les dix
années à venir».
Le défi est d’être ancré dans la tradition mais aussi de
lancer le navire vers d’autres eaux. Le défi de l’église catholique est la
restructuration totale dans le ministère ordonné.
Je suis engagée dans le mouvement de l’ordination des femmes
et des prêtres mariés.
Séverine Deneulin en courte escale chez ses parents à
Houthem en juillet 2017.
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