Secrétaire du syndicat agricole de 1963 à 2017, le
Ploegsteertois Jean Castrique (78 ans) reste un fervent défenseur du monde qui
l’a vu naître. Fort d’une longue expérience politique (PSC puis Action) de 24
ans comme conseiller communal, 12 ans comme échevin et 11 ans comme conseiller CPAS,
il a pu observer l’évolution de nos campagnes.
Aujourd’hui, ce qu’il constate l’amène à pousser un coup de
gueule: «On perd le bon sens paysan. On dilapide les terres. Les contraintes
sont telles que les agriculteurs en ont un vibrant besoin. C’est pourquoi je
m’insurge contre les bassins d’orage, particulièrement celui de Ploegsteert,
projeté du côté de la rue Sainte-Marie, juste à la frontière linguistique.
Quand il y a des inondations, l’eau dévale des monts. S’il faut creuser un
bassin, il doit se situer en Flandre. Ainsi quand les Flamands auront besoin
d’eau en été, ils ne devront plus venir la puiser chez nous! En plus, il est
illogique de creuser un bassin dans le bas de l’écoulement; il faut retenir
l’eau dans la hauteur pour éviter qu’elle ne dévale!»
Concrètement, le chemin Despierres constitue la frontière
entre Ploegsteert et Neuve-Église. Le bassin d’orage sera collé à la Flandre.
«Il est prévu un trou d’un hectare et un autre hectare pour recueillir les
terres. L’agriculteur est indemnisé pour le trou, mais pas pour le remblai.»
À Houthem, la Province envisage la création d’un bassin
d’orage à l’arrière du stade de foot. «Là aussi, le Kortekeer est gonflé par
les eaux flamandes. Or, en amont, tout a été fait pour que l’eau s’évacue
rapidement: élargissements de fossés et canalisations, remblais de zones
inondables, etc. Résultat: elle arrive trop vite. Le bassin d’orage devrait se
situer du côté de Bellewaerde.»
Pour éviter les inondations, il préconise de gérer au mieux
ce qui existe déjà: les fossés et les trous de briqueterie. «Je n’ai jamais
compris comment ces derniers ont été classés en zone naturelle alors qu’ils
sont le résultat de l’activité humaine. En canalisant l’eau vers les
argilières, on ne devrait pas construire de bassin d’orage. Toutefois, la
première chose à faire est de curer les ruisseaux et fossés qui sont dans un
état catastrophique. Comment peuvent-ils évacuer l’eau quand ils sont remplis
d’herbes, de chardons, de déchets, etc.? Si tout est entretenu correctement,
nous disposons de suffisamment de mètres cubes pour la contenir.»
Il dénonce aussi un certain laxisme. «On a supprimé des
fossés, installé des clôtures de telle sorte que la grue ne sait plus curer et
voûter des tronçons sans accès aux buses. Et ne parlons pas du drame des
déchets jetés dans la nature!»
Autre évidence: il y a beaucoup trop de ponts pour accéder
aux champs avec la conséquence que l’eau est ralentie par la buse, trop souvent
bouchée: «Avec le regroupement des parcelles, les engins entrent toujours par
le même pont, le plus grand. Pourquoi garder les autres?»
Autant de solutions concrètes pour garder des hectares à
l’agriculture…
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