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mercredi 8 avril 2015

2015_04_08 Des tunnels d'écoute dans son champ. Le secteur du Saint-Yvon est truffé de tranchées, galeries et tunnels. Un passé sanglant qui ne doit pas empêcher les agriculteurs de travailler. Il y a quelques jours, Jean Hugue constate un effondrement dans un champ à côté de son domicile du chemin Saint-Yvon. Aujourd’hui à la retraite, cet agriculteur connaît bien ce terrain bien particulier pour l’avoir cultivé. Source Marie-France Philippo.

«Ce n’est pas la première fois que je constate un affaissement dans ce coin-là, mais la grandeur du trou impressionne quand même. Mes parents devaient régulièrement ajouter des tombereaux de terre!»
Même à la retraite, il continue de surveiller le site: «Nous sommes sur un terrain miné par la guerre 14-18 et les galeries creusées ont été très nombreuses. Cette année, des écumes ont été répandues sur le champ; les engins ont peut-être tassé le sol; ensuite, avec les pluies, un trou s’est formé.»
François Maekelberg, président de l’entente patriotique local et expert en la matière, a analysé le vestige: «Il s’agit d’un tunnel d’écoute. En quelques mois, c’est le deuxième que l’on met à jour: le premier ayant été découvert lors des travaux de construction des tranchées sur le site de la trêve de Noël. Vu la proximité des lignes de front, il y a forcément des tunnels d’écoute creusés par les Allemands et les Alliés. Ce n’est donc pas une découverte importante!»
Concrètement, le tunnel a été creusé par les Anglais, en 1916 ou 1917, en vue d’espionner les lignes allemandes. «Une tranchée standard affiche 2,1 mètres de profondeur. Dans le cas des tunnels d’écoute, on creusait donc à 2,40/2,50 mètres juste en dessous. Ici, nous avons retrouvé les boiseries du haut de la galerie, du bois blanc encore en bon état. Avec la particularité que l’étaiement était ajouré avec de fines planchettes. Ce sont elles qui ont lâché.Et donc, la terre pénètre à l’intérieur du tunnel et finit par former une poche d’air. D’où les affaissements réguliers sur une galerie qui pouvait faire plus de 100 mètres. En plus, on les construisait en série, parallèlement, tous les 30/40 mètres.»
On imagine l’effort physique de ces braves qui crapahutaient des mois durant dans un tunnel d’un mètre de large et de hauteur!
«L’écoute est une science, renchérit Freddy Dubus, qui a potassé le sujet. Les soldats creusaient pieds nus, pour ne pas faire de bruit avec les bottines. Parfois, on installait des rails pour évacuer la terre: ils étaient en bois et les roues du chariot étaient aussi en bois. Certains se sont également spécialisés dans la détection des bruits. Avec des appareils qui les amplifiaient et en fonction de la nature du sol, ils reconnaissaient l’activité en cours, la distance où se trouvaient les soldats, etc. Ce qui les inquiétait le plus, c’était l’absence de bruits: elle annonçait que tout allait sauter!»
Quant au trou, il a été rapidement rebouché par les ouvriers communaux, à l’aide d’une mini-pelle «Un tunnel d’écoute n’a jamais été habité; ce n’est pas une tranchée, donc on ne retrouve aucun objet. Des fouilles archéologiques sont inutiles. Pas la peine d’empêcher un agriculteur de cultiver.»
Il y a un siècle, des «soldats-fourmis» creusaient le sous-sol. Jean Hugue constate les dégâts.-Damien Menu

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