Les deux voleurs présumés ne se sont pas présentés à
l’audience de ce jeudi du tribunal correctionnel de Tournai. Seul le
ferrailleur cominois qui réceptionnait les voitures a répondu favorablement à
l’invitation de la Justice. Ce dernier nie toute implication dans cette
association de malfaiteurs et ce recel de véhicules. «J’ai acheté ces épaves
avec des factures en règle, explique-t-il. Je ne connaissais pas l’origine de
ces véhicules…» Néanmoins, le bon état de ces véhicules interpelle la
présidente du tribunal. «N’avez-vous jamais été frappé par le fait que ces
véhicules étaient en état de marche et ne devaient pas forcément partir à la
casse, interroge-t-elle le prévenu. C’est quand même suspect de voir des
personnes amener chaque semaine plusieurs véhicules en bon état pour en
retirer, au final, 1 000 euros de ferraille…»
Une Audi A3, en (presque) parfait état de marche, volée en
juillet 2013 en France, sera ainsi retrouvée au milieu des carcasses de
véhicules. «Les policiers ont été alertés par des agissements suspects
lorsqu’ils ont vu entrer au sein de la décharge un camion-plateau avec une
Peugeot 107 non accidentée, rappelle la procureure du roi. De plus, il n’y
avait plus de plaque d’immatriculation ni de documents de vignette et
d’assurances. Au total, on retrouvera une dizaine de carcasses désossées, sans
traces d’accidents… vraisemblablement des véhicules dérobés sur le territoire
français, dans la région de Lille – Roubaix – Tourcoing.» Le ministère public a
requis une peine de 12 mois de prison ferme pour les deux prévenus faisant
défaut; il ne s’est pas opposé à une mesure de faveur à l’encontre du
ferrailleur cominois.
«La vente d’une épave doit être obligatoirement assortie
d’un certificat, ce qui n’était pas le cas ici, font remarquer les avocats des
parties civiles. De plus, l’enquête montrera que les véhicules neufs pris en
charge par le ferrailleur étaient directement broyés alors qu’un nombre bien
plus important d’épaves plus anciennes attendait, elles, d’être broyées et
désossées.» Les avocats des parties civiles ont sollicité le paiement d’une
somme de 1 euro à titre provisionnel, pour l’indemnisation des dommages subis.
De son côté, la défense plaide l’acquittement. «Mon client
exploite son commerce de ferraille depuis 30 ans et n’a jamais eu le moindre
problème avec la justice, insiste Me Decramer. Il a toujours été en règle avec
la législation. Il travaille particulièrement avec les compagnies d’assurances
en achetant les épaves des véhicules accidentés. Même pour les véhicules mis en
cause dans cette affaire, des factures d’achat ont été remises! Mon client a
juste été un peu naïf en n’exigeant pas les documents de bord… Pourquoi
aurait-il pris de tels risques et mis en jeu sa renommée pour une marge
bénéficiaire aussi mince…» L’avocat de la défense souligne également que la
prévention de recel ne peut être retenue à l’encontre de son client. «Pour
qu’il y ait recel, il faut une volonté de soustraire le bien en question… Il
aurait également fallu que mon client sache que le bien provienne d’un acte
illégal!» Le jugement sera prononcé le 16 juin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire