Le 7 juin 1917 est un jour mémorable. À 3 h 10, heure
anglaise, 4 h 10 locale, 19 mines explosent en l’espace de 30 secondes, sur les
territoires de Warneton, Messines et Wijtschate. Les détonations des 500 tonnes
d’explosifs se font entendre jusqu’à Londres. «Avant le nucléaire, il s’agit de
la plus grande explosion militaire de tous les temps», explique Francis De
Simpel, président de la Société d’Histoire et spécialiste du sujet, qui a
proposé à douze guides locaux de les amener sur les vestiges du carnage.
Le contexte: les Britanniques en ont assez d’un front
stagnant et, dès janvier 1917, le commandant Douglas Haig veut attaquer dans
les Flandres afin de conquérir les ports d’Ostende et de Zeebruges, car les
sous-marins allemands font obstacle aux lignes alliées d’approvisionnement. La
décision est prise de creuser des tunnels sous les lignes allemandes et d’y
loger 24 mines. Ce travail fastidieux est accompli par des compagnies de
tunneliers australiennes et néo-zélandaises.
Du 26 mai au 6 juin, l’artillerie prépare le terrain et tire
plus de trois millions d’obus. Les Allemands répliquent par 10 000 obus à
l’heure! Dans la nuit du 6 au 7 juin, les soldats prennent position dans les
tranchées d’assaut, notamment les bois de Ploegsteert. Aux premières lueurs 19
mines explosent en même temps. Quant aux cinq autres: l’une a été désamorcée
par l’ennemi et quatre étaient réservées à une contre-attaque allemande.
Dès 9 heures, la crête Messines-Wijtschate est prise, mais
la suite se révèle plus difficile. Durant des semaines, via des raids, des
patrouilles tentent de s’enfoncer dans les lignes ennemies.
Le 31 juillet, à 3 h 50, une nouvelle opération d’envergure
est menée, point de départ de la troisième bataille d’Ypres. Les forces alliées
ont pour objectif de progresser entre la Lys et le chemin de fer pour s’emparer
de Warneton. Jusqu’au mois de novembre, les combats sont incessants, surtout du
côté de Zonnebeke.
Même si certains cratères ont été comblés, d’autres
subsistent dans la région. À Warneton, dans la riche rue, on en retrouve deux
sur terrain privé.
À Wijtschate, Kruisstraat, le «pool of peace» est le cratère
le mieux conservé. Cet étang de 12 mètres de profond est aujourd’hui un havre
de paix où il fait bon méditer sur les souffrances endurées par les soldats
durant quatre ans.
Office du tourisme au 056 55 56 00. otcomines@gmail.com
Le cratère le mieux conservé se trouve à Wijtschate. Le
«pool of peace» est quasi intact et il a été aménagé en havre de paix.
Le mercredi 7 juin 2017, des cérémonies auront lieu. Il
était prévu que Comines-Warneton, Messines et Heuvelland célèbrent ensemble le
centenaire, mais un différend financier est intervenu. Finalement, l’entité
wallonne ne participe pas au programme; ce qui n’empêche ni la cérémonie
australienne ni la participation des Cominois aux diverses activités.
Le programme:
– 8 h: cérémonie néo-zélandaise au Messines, Ridge Cemetery.
Ouvert au public.
– 11 h: cérémonie australienne au Strand Military Cemetery
(rue de Messines, à Ploegsteert), en présence de l’ambassadeur Mark Higgings.–
14 h: cérémonie irlandaise, britannique et irlandaise à la tour de la paix
(Messines). Accès strictement limité. Le prince William et la princesse Kate
sont annoncés.
– 16 h: cérémonie de clôture irlandaise, britannique et
irlandaise au Wijtschaete Military Cemetery. Accès limité.
– 19 h: cérémonie néo-zélandaise au mémorial de Messines.
Ouvert au public.
Le samedi 10 juin, un concert, avec des artistes
internationaux, est donné à Kemmel avec, notamment, Ozark Henry. Entrée
gratuite, mais inscription obligatoire pour le parking. Des expos gratuites
sont proposées et les cratères de mines, sur terrain privé, sont
exceptionnellement accessibles.
Le 31 juillet, des commémorations sont organisées pour le
centenaire de la troisième bataille d’Ypres, à Zonnebeke. Sont annoncés le
Prince Charles, Charles Michel, le roi Philippe et la reine Mathilde. D’autres
chefs d’État seront présents mais, pour des raisons évidentes de sécurité, la
discrétion est de rigueur.
www.zerohour.
Dans
les bois, les cimetières rappellent l’horreur vécue durant cette sombre année
1917.
À Warneton, deux stèles rappellent les événements sanglants
du 31 juillet 1917. Le long du RAVeL, un monument est dédié à Charles
Rangiwawahia Sciascia, un Maori d’origine italienne. Venu de Nouvelle-Zélande,
il est mort dans le secteur de la Basse-Ville, entre la voie ferrée et le
Pont-Rouge. Sa dépouille n’a jamais été retrouvée.
Chaussée de Lille, une plaque commémorative rappelle la
bravoure du caporal néo-zélandais Leslie Wilton Andrew. Le 31 juillet 1917, ce
soldat a neutralisé un poste de mitrailleuses allemand installé dans le café du
Rooster. Pour ce fait d’armes, il a reçu la Victoria Cross.
Francis De Simpel a rappelé les faits d’armes du caporal
néo-zélandais Leslie Wilton Andrew.
À Wijtschate, rue de Voormezele, le site Bayernwald
constitue une visite intéressante pour mieux comprendre l’organisation des
tranchées allemandes. Situé à une altitude de 40 mètres au-dessus du niveau de
la mer, le lieu était considéré comme stratégique. Il a été restauré et ouvert
au public en 2004. Ce qu’il reste de nos jours ne représente que 10% du site
tel qu’on pouvait le voir en 1917.
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